EUTHANASIE : AU PAYS DE L'HYPOCRISIE
Le débat sur l’euthanasie est relancé avec l’affaire du docteur Bonnemaison accusé d’empoisonnement sur personnes particulièrement vulnérables (traduire : en fin de vie), alors qu’il a été compatissant et humain en abrégeant leur calvaire.
Mais voilà, la France reste plus que jamais "la fille aînée de l’Eglise", cette Eglise qui, en sous-marin, continue à imposer sa morale religieuse, via nos dirigeants, et à contrer la science et le progrès, au nom de sa vérité révélée et partant du principe que "seul dieu donne la vie, seul dieu la reprend"!
Et pourtant, selon différents sondages, près de 90 % des français sont favorables à une loi légalisant l’euthanasie volontaire et, aller à l’encontre de cette volonté populaire, c’est bafouer la démocratie (gouvernement du peuple par le peuple!) dont nos décideurs politiques se gargarisent, ces décideurs qu’une majorité de la population met au pouvoir et qui, une fois élus, n’en font qu’à leur tête ! D’où la rage des révoltés de mai 68 qui écrivaient sur les murs "élections, piège à cons"!
Mais revenons aux opposants farouches à l’euthanasie? Qui sont-ils donc?
Le machisme en moins, la même engeance de fanatiques qui insultait Mme Simone Veil lors de la présentation de la loi sur l’IVG, qui vociférait sur les bancs de l’assemblée nationale brandissant l’épouvantail de la "fornication porcine", des "déchaînements lubriques", de la "dissolution des mœurs", certains n’hésitant pas à parler de pratiques nazies comme ils le font pour l’euthanasie aujourd’hui.
Les mêmes, qui bavaient hystériquement leur haine de la femme et de sa soif de liberté à vouloir disposer de son corps et contrôler ses grossesses, parce qu’ils voyaient leur pouvoir absolu de mâle leur échapper. De surcroît, des faux culs, qui étaient parfaitement au courant des milliers d’avortements clandestins annuels avec leur lot de traumatismes et la mort qu’ils entraînaient parfois, comme présentement, ils savent très bien que dans les hôpitaux environ quinze mille euthanasies illicites sont pratiquées chaque année!
Les mêmes encore ces bons apôtres, adorateurs du sabre et du goupillon, qui au nom de la soi-disant patrie (mais surtout d’énormes intérêts financiers et stratégiques) n’hésiteraient pas, en cas de conflit, à faire envoyer au casse-pipe des gars de vingt ans. Ils ne s’indignent pas non plus lorsque le 3ème exportateur d’armements que nous sommes vend des armes aux dictateurs et autres massacreurs de femmes et d’enfants !
Tout est hypocrisie!
4 Les soins palliatifs, dont on fait le panégyrique, ne sont en réalité que de l’acharnement thérapeutique déguisé. De plus, faute de moyens, ils ne sont accessibles qu’à environ 10 % des demandeurs.
4 Le "laisser-mourir" de la loi Léonetti est non seulement une vaste duplicité mais aussi une honte pour la dignité humaine puisqu’on laisse le mourant agoniser avec tout ce que cela implique de souffrances physiques et/ou morales intolérables !
4 Le serment médical que les médecins doivent prononcer avant d’exercer et dans lequel il y a ces deux phrases ambiguës, voire contradictoires : "Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément". Délibérément, c’est-à-dire, intentionnellement, volontairement, consciemment. Cependant, c’est bien intentionnellement, volontairement, consciemment que certains médecins arrêtent les soins d’un malade en fin de vie en sachant pertinemment que cet arrêt va conduire au décès de ce dernier !
Cessons de jouer avec les mots et appelons un chat, un chat!
Pas plus que la laïcité n’est ouverte, plurielle, positive ou raisonnée, l’euthanasie n’est passive, active, directe ou indirecte. Elle est tout simplement la "bonne mort", celle que beaucoup espèrent le moment venu.
Mais combien faudra-t-il encore surmonter d’obstacles, vaincre d’obscurantismes, supporter d’affres inutiles, contempler d’avilissements insoutenables, pour que nous puissions enfin choisir en toute liberté notre façon de mourir?
Poisson-chat (22 septembre 2011)