LA COMMUNE IMMORTELLE !
On l’a tuée à coups d’chass’pot A coups de mitrailleuse Et roulée avec son drapeau Dans la terre argileuse,
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Et la tourbe des bourreaux gras Se croyait la plus forte, Tout ça n’empêch’ pas, Nicolas, Qu’la Commun' n’est pas morte ! (Eugène Pottier) |
Plus de cent ans déjà qu’embrasé de fureur
Paris se soulevait contre l’envahisseur
Et contre les bourgeois bradant la République
Qu’ils vendaient aux prussiens comme fille publique.
Sous un ciel printanier, se battait la Commune,
Sursaut désespéré d’un peuple valeureux,
Qui rêvait de changer le cours de la fortune
Afin qu’il n’y ait plus jamais de malheureux.
Soudain, le vingt-huit mai, l’ultime résistance
Cédait face aux soldats assoiffés de vengeance.
Rue La Fontaine-au-Roi, où les tirs grésillaient,
Des braves succombaient à l’assaut versaillais.
Après l’écrasement, la répression sanglante
Fit des milliers de morts parmi les communards,
Au camp de Satory, sur la terre gluante,
Pourrissaient en charniers les cadavres blafards.
Louise Michel surgit, échappée du carnage,
Prodiguant à chacun, soins, amour et courage,
Tandis que le bateau, poussé par tous les vents,
Emportait encagés les derniers survivants.
Combien il fut cruel ce mois de Floréal
Où tant de parisiens luttèrent et moururent,
Pour que triomphe un jour leur sublime idéal
Dont les vieux murs encor portent la déchirure.
La Commune revit dans chaque homme exploité
Qui refuse son sort et la fatalité.
Malgré Thiers, Gallifet et leur vile cohorte,
C’est bien vrai, Nicolas, qu’ la Commune n’est pas morte !
Poisson-chat (1er mai 1994)
Variante 2011 pour le dernier quatrain :
La Commune revit dans tous les exploités,
Pressurés au profit d'une minorité,
Leur furieux désespoir vient frapper à ta porte,
Fais gaffe, Nicolas, la Commun' n'est pas morte !