PREMIER MAI BAFOUE
L’indignation m’étreint car la foule futile
A fait du Premier Mai, unique et prestigieux,
La fête du muguet, prétexte mercantile
Qui jette dans l’oubli nos illustres aïeux.
Martyrs de Chicago, de Fourmies et d’ailleurs,
Dont le sang a rougi les pavés de l’histoire
Des humbles, des sans nom, de tous les travailleurs,
Vous avez remporté une rude victoire !
Qui se souvient de vous parmi la multitude ?
Qui connaît vos tourments, vos actes audacieux,
Vos luttes acharnées contre la servitude
Et pour la dignité de l’homme laborieux ?
Les sombres défilés où grondait la fureur
Des millions d’exploités par la haute finance,
Jadis faisaient trembler le nanti de terreur
Quand leurs pas martelaient sa proche décadence.
Fiers de votre passé, nous devons à présent
Défendre sans merci le fruit de vos conquêtes
Que rogne, chaque jour, le patron méprisant
Devant lequel, courbés, nous inclinons la tête.
Debout, redresse-toi, peuple dit souverain,
Chasse le profiteur avide et inutile,
Fais tonner à nouveau ta noble voix d’airain
Et donne à tes enfants un avenir fertile !
Poisson-chat (1er mai 1996)