SAHEL : LE PUITS
Ce poème a obtenu deux prix, l'un en 1996 au concours Postésie à Paris ;
l'autre en 1997 au concours international de poésie de l'Académie du Var en 1997.
Chaque puits que l'on creuse,
C'est un tombeau comblé,
C'est l'aube prometteuse
Qui fait germer le blé,
C'est deux bras que l'on tend
Vers l'enfant squelettique,
C'est son cri qu'on entend
Déchirant, pathétique,
C'est le sein de sa mère
Soudain gonflé de lait,
De la féconde terre,
C'est un arbre qui naît,
C'est un fusil qu'on brise,
Une arme qu'on détruit,
C'est un souffle de brise
Sur l'infernale nuit
De tous ces morts vivants,
Misérable cohorte
Aux yeux hallucinants
Qui frappe à notre porte,
Ebranlant les consciences
Et les estomacs pleins,
C'est leur calme confiance
En espérant demain ...
Chaque puits que l'on creuse
Dans le désert sans fin,
C'est la main généreuse
Qui assouvit la faim !
Poisson-chat (12 juillet 1993)